dimanche 28 décembre 2008

Amiens : la cathédrale sauvée des bombes

Dans un précédent post ("Amiens : la cathédrale protégée"), je vous avais parlé de la résistance étonnante de la cathédrale d'Amiens au tapis de bombes déversé par les allemands en mai 1940. Cette anecdote m'avait été racontée par Jean Macrez, guide, esprit et gargouille de la cathédrale. Je vous avais indiqué que Jean Macrez détenait une carte postale unique montrant comment la cathédrale avait tenu alors que la ville a été rasée. Impossible depuis des années d'y mettre la main dessus, chez les bouquinistes, sur Internet, dans les livres d'histoire... A croire que l'on a cherché à nous cacher cet événement surnaturel. 
C'est finalement grâce aux archives de l'INA, au milieu d'une visite unique de la cathédrale par Jean Macrez lui même (visionnez cette vidéo pour vous rendre compte de l'humour et de la culture de cet homme extraordinaire qui ne sera malheureusement pas éternel), que je viens de mettre la main dessus ! Au 2/3 de la vidéo, on y découvre la précieuse carte postale, en exergue de ce post. 
Avouez que la photo est incroyable ! Les cathédrales gothiques ont été bâties pour être indestructibles.
Internet est vraiment une incroyable invention, et merci aussi à l'INA pour ses archives si riches.

Biosphere 2 : la genèse du projet (1/4)

Cet article est le premier de mon enquête sur Biosphere 2 :

- Partie 1 : Biosphere 2, la genèse du projet,

- Partie 2 : Biosphere 2, construction et désillusions,

- Partie 3 : Biosphere 2, rencontre avec des Biosphériens.

- Partie 4 : Biosphere 2, la vérité qui dérange.


En septembre 1991, huit humains pénétraient à l’intérieur de Biosphere 2 et y restèrent cloîtrés pendant une durée de 2 ans. Ça vous rappelle quelque chose ?
Dans le désert d’Arizona, à 20 minutes au nord de la ville de Tucson, cette mini-Terre sous cloche abritait 7 écosystèmes : forêt tropicale, océan (contenant un récif corallien), marais d’eau douce et d’eau salée, savane, désert, une zone d’agriculture intensive accolée aux habitats, ainsi que deux « poumons » (les dômes blancs dans l’image ci-dessus) servant de chambres de dilatation. 3800 espèces animales et végétales peuplaient cette structure, véritable arche de Noé, dont on pourra apprécier la vue en coupe dans le schéma ci-dessous.
Après trois ans de construction, les créateurs ont atteint leur objectif, comme le montre par exemple cette photo de l’océan.
Ce projet fou a vu le jour au sein de l’Institut d’Ecotechnique, un groupe de visionnaires fondé par John P. Allen à la fin des années 60. Ce groupe a auparavant organisé des projets pilotes dans le monde entier dans le but d’explorer le lien entre la technosphère et la biosphère. Chaque année, une conférence annuelle était tenue dans le sud de la France, près d’Aix-en-Provence, et c’est en 1982 que l’idée de Biosphere 2 émergea. Sur le site de la conférence de 1982, on apprend que d’illustres scientifiques avaient participé à la genèse de cette idée : Richard Dawkins (ethologiste d’Oxford et auteur du fameux essai Le Gène égoïste), Lynn Margulis (ex-femme de l’astronome Carl Sagan et co-inventrice de l’Hypothèse Gaïa avec James Lovelock), Buckminster Fuller (l’architecte philosophe, inventeur du concept de géodésique) ou bien Albert Hoffman (l’inventeur du LSD).
Mais le père de Biosphere 2 est véritablement John Allen. Né en 1929, ingénieur (diplômé de la Colorado School of Mines), business man (diplômé de la Harvard Business School), John Allen était promis à une carrière toute tracée mais a préféré quitté New York pour aller faire le tour du monde pendant deux ans et demi. Il en est revenu poète, écrivain, auteur de pièces de théâtre et surtout visionnaire.
John Allen et les membres de l’institut d’Ecotechnique réfléchissaient au futur de l’humanité et le situaient nécessairement dans l’espace. La colonisation d’autres astres comme la Lune ou Mars, posait néanmoins le problème des vivres nécessaires (air et aliments) aux colonies. Ils convinrent que les colons devaient impérativement vivre dans des systèmes clos autorégénératifs qui subviennent à leurs besoins et recyclent leurs déchets. L’idée leur est donc venue de créer une réplique miniature de la Terre (Biosphere 1) qu’ils baptisèrent Biosphere 2.
Biosphere 2 est le plus grand laboratoire d’écologie jamais construit. Il permettait d’étudier l’interaction des humains avec cet écosystème clos. Mais John Allen avait bien l’espace comme idée directrice. Quand on observe Biosphere 2 la nuit, on ne peut penser qu’à un vaisseau spatial.
En février 1999 (dix ans déjà...), je m'étais rendu en "pélerinage" sur ce lieu mythique qui a éclairé mon adolescence et éveillé mon intérêt pour les sciences et l'environnement. La Grande Serre s'y trouve toujours et le site dégage une impression magique.

La taille de la serre principale est impressionnante (la moitié de la basilique Saint Pierre de Rome) comme on peut s'en rendre compte sur cette vue depuis Google Maps.

Dans une série de prochains posts, je vous raconterai l’histoire officielle et officieuse de Biosphere 2, et aussi ce que le projet est devenu depuis.

mardi 16 décembre 2008

Eoliennes invisibles


On reproche souvent aux éoliennes d'être trop bruyantes, laides et surtout trop puissantes pour des usages personnels. J'étais ce soir à une réunion des Clean Tuesday, nouvelle association réunissant des entrepreneurs dans le domaine des technologies propres, pour que la France ne rate pas cette opportunité comme elle avait raté celui d'Internet (Obama a promis d'investir des centaines de milliards dans les technologies propres qui deviendraient le nouveau moteur de l'économie américaine). Un représentant de la société italienne Pramac nous a présenté un concept d'éolienne révolutionnaire. Pour s'attaquer au problème, ils ont sollicité le designer Philippe Starck. Le résultat est une éolienne individuelle transparente que vous pourrez installer sur votre balcon ou dans votre jardin et qui ne fera pas de bruit. 
L'éolienne n'a pas de pale mais une sorte de cadre rectangulaire aux bords arrondis qui sert d'hélice. C'est en effet le passage de la pale devant le mât qui provoque le bruit des éoliennes. Pour les rendre invisibles, ils utilisent un cadre en plastique transparent, spécialement pour ne pas s'abîmer avec les intempéries, changements de températures et surtout aux ultraviolets. 
L'éolienne sera vendue avec un onduleur et une batterie et se connectera directement au réseau électrique de la maison (pas besoin de revendre l'énergie à EdF comme c'est le cas pour les plus grandes éoliennes). Le prix de l'ensemble devrait avoisinner les 500 euros et ça devrait sortir mi 2009. Sans aucun doute, ce sera l'un des cadeaux de Noël phares de l'an prochain.
Un modèle un peu plus puissant sera commercialisé pour les professionnels. La structure de l'hélice fait penser à un fouet batteur. En tout cas le résultat est magnifique.
Néanmoins, même si les ménages se dotent de ce types de moyens de production, l'éolien reste une énergie imprévisible et pour l'avenir de la planète, le gros effort devra être davantage mis sur la réduction de la demande que sur l'invention de nouvelles formes de production.
Dans tous les cas, la nouvelle génération de designers (au sens large, c'est à dire en y incluant les inventeurs et les ingénieurs, mais aussi les artistes) joueront un rôle capital pour créer des objets et des services qui intègrent complètement la contrainte environnementale dans les données du cahier des charges. L'écrivain de science fiction Bruce Sterling s'est beaucoup interessé à cette question et a écrit un essai curieux mais très intéressant intitulé Shaping Things

Dans ce livre, il reprend de façon très didactique le processus de création, étudie pourquoi un objet est adopté ou pas, comment il pénètre ses utilisateurs et comment il disparaît.  Il replace l'ensemble du processus dans le contexte des challenges qui attendent l'Humanité au 21ème siècle. La nouvelle génération d'entrepreneurs devra avoir bien cela en tête.

Wenchang et Sanya


L'île de Hainan (海南 Hainán, « au sud de la mer ») un territoire de la République Populaire de Chine de la taille de la région PACA qui se situe dans la zone séparant la Mer de Chine du golfe du Tonkin. Etant la terre chinoise la plus au Sud, c'est une zone touristiquement très développée, mais c'est surtout le point idéal pour installer une base spatiale, pour profiter au maximum de la vitesse de rotation de la Terre qui augmente au fur et à mesure que l'on se rapproche de l'équateur.

Ce n'est donc pas par hasard, que les Chinois ont annoncé en 2007 qu'ils bâtiraient leur nouveau centre spatial à Wenchang au nord est de l'île. Le nouveau pas de tir sera capable de propulser les lanceurs géants CZ-5 (CZ pour Chang Zheng, laLongue Marche, l'épisode de l'histoire de Chine qui a permis à Mao de prendre la tête du parti) qui emporteront les capsules Chang'E vers la Lune. La fusée Long March 5 devrait être opérationnelle en 2014, en même temps que la nouvelle base. A moins que la compétition avec les Etats-Unis pour le retour sur la Lune ne nécessite une accélération de ce programme.

Les Chinois ont d'ailleurs bien songé à protéger l'île de Hainan. Au Sud de l'île à Sanya, on trouve une base, longtemps ultra-secrète, de sous-marins nucléaires, jusqu'à ce que des images filtrent sur Google Maps/Earth ! Vous pouvez vous amuser à jouer à Jack Bauer et à zoomer sur l'image ci-dessous. C'est étonnant.


Agrandir le plan
C'est sur cette base, qu'ont été photographiés pour la première fois des sous-marins nucléaires lanceur d'engins chinois de la nouvelle génération (classe Jin). L'armée chinoise avait pour l'instant toujours eu une faible capacité de dissuasion nucléaire. Avec ces sous-marins elle pourrait menacer les côtes américaines. La base de Sanya possèdant un abri souterrain creusée dans une colline et auquel on peut accéder directement depuis la mer (on peut en voir l'entrée à l'aide de Google Maps), il est impossible de connaître le nombre exact de Jin, ce qui complique encore la tâche des stratèges américains. La base de Sanya sera aussi très utile pour protéger l'île de Taiwan voisine.
Vous trouverez ci-dessous d'autres images satellites, prises un jour sans nuages. Vous pouvez ensuite vous amusez à rechercher les structures via Google Maps. Les sous-marins à l'extérieur ont cependant disparu.



Pour plus de détails sur l'évolution de la puissance militaire chinoise, je vous recommande la lecture des rapports annuels du Congrès américain Military Power of the People's Republic of China. Le retour sur la Lune s'annonce donc prometteur en rebondissements géopolitiques...
PS : le rapport 2010 du Pentagone se trouve ici sous un nouveau nom "Military and Security Developments Involving the People’s Republic of China 2010".

lundi 15 décembre 2008

Whale wars

Depuis le début mois de novembre, la chaîne américaine Animal Planet a réalisé une incroyable série, intitulée Whale Wars, de 7 documentaires sur l'organisation Sea Shepherd dont je vous avais parlé à l'occasion d'un précédent post lors de la visite à Paris de Paul Watson son fondateur. Vous trouverez de nombreuses informations sur le site Internet de l'émission Whale Wars. Au cours des différents épisodes, vous suivrez en "reporter embarqué" la campagne en Antarctique (sanctuaire baleinier) du groupe Sea Shepherd, l'un des grouves activistes écologiques les plus véhéments et surtout l'un des plus rusés, contre les navires japonais pratiquant la pêche illégale des cétacés. 
Le DVD sera disponible à partir de février 2009, mais vous trouverez de nombreux épisodes en circulation sur Internet. Il faudra acheter le DVD car j'imagine qu'une partie des recettes iront à l'association. L'émission a rencontré un très vif succès, et Animal Planet a déjà prévu d'accompagner Sea Shepherd dans d'autres campagnes, pour d'autres saisons de Whale Wars. Peut-être pour dénoncer les massacres de dauphins, également commis par les Japonais et dont je voulais parlé dans un précédent post. La campagne de Taiji est une des campagnes emblématiques de Sea Shepherd et il serait une bonne chose que le monde en prenne connaissance.
Si la série Whale Wars n'était encore pas suffisante, il faudra attendre le film sur Sea Shepherd, où Christian Bale incarnera Paul Watson.

vendredi 12 décembre 2008

Le bonheur

"Sans Famille", vous vous rappelez ? Ce livre extraordinaire d'Hector Malot (qui a beaucoup marqué mon enfance) et ce dessin animé, qui avait gardé toute la sensibilité et la profondeur de cette oeuvre de 1878. Je vous livre ce dialogue entre Rémi et Vitalis sur le bonheur, ça se passe de commentaires. Saint Exupéry n'aurait pas fait mieux.

lundi 8 décembre 2008

Quand le ciel se met à sourire


Le 1er décembre, deux des planètes visibles à l'oeil nu (Jupiter et Vénus) ont donné rendez-vous à la Lune pour faire sourire le ciel d'Asie. Dans un monde gagné actuellement par la morosité, c'était un clin d'oeil rafraîchissant qui rappelait à l'Homme sa juste place dans l'Univers. Cela dépend où, car en Amérique du Nord les habitants ont eu droit à un visage qui faisait la "moue" !! 

La Grande Ourse a retrouvé ses petits


Dans un précédent post, je vous avais indiqué qu'avec très peu de moyens, il était possible de prendre des clichés extraordinaires de la Terre vue de l'Espace. Lundi 1er décembre, la Grande Ourse ne s'est plus sentie seule et a reçu la visite de 2 ours en peluche (MAT et KMS), envoyés par des Anglais à 30 kilomètres d'altitude accroché à un ballon sonde. Ci-dessous, vous pouvez les admirer en train d'effectuer leur sortie extra-véhiculaire. 

Leurs noms proviennent des initiales des enfants qui ont confectionné leurs combinaisons spatiales (il y avait en fait 4 ours). Si vous avez des enfants, ils rêveraient sûrement de voir leur doudou flotter ainsi dans le ciel.

En voilà, une belle idée utopique et poétique montrant que l'on peut avoir une utilisation pacifique de l'Espace. Juste à temps pour fêter les 50 ans de l'ours Paddington. 

mercredi 3 décembre 2008

Araignées acrobates


Il n’y a pas que les hommes qui ont du mal à s’acclimater à l’apesanteur. Les araignées aussi. Deux araignées ont récemment fait le voyage à bord de la navette Endeavour en novembre dernier, jusqu’à la Station Spatiale Internationale. Les toiles tissées par ces araignées étaient surprenantes car elles étaient en trois dimensions et ne possédaient aucune symétrie, comme l’atteste la photo ci-dessous.

Une des deux araignées s’est d’ailleurs échappée de son habitat et n’a pas été retrouvée par les astronautes. De quoi écrire le scénario d’un mauvais film d’horreur. 

Ce n’est cependant pas la première fois que des araignées vont dans l’Espace. En 1973, deux araignées étaient parties à bord de Skylab 3 et plus récemment en 2003 ce sont huit arachnides qui se trouvaient à bord de la navette Columbia (STS 107), la tristement célèbre mission qui a vu Columbia se désintégrer à son retour dans l’atmosphère.

La NASA s’est toujours intéressée aux araignées, pour des raisons que j’ignore. En 1995 par David Noever de la NASA (Marshall Space Flight Center) a testé l’effet de différentes drogues sur la forme des toiles des araignées. Celle qui a le plus d’effet n’est pas celle à laquelle on aurait pensé.

Toile à l’état normal





Toile sous LSD





Toile sous Mescaline





Toile sous Marijuana





Toile sous Caféine





Les araignées n’ont néanmoins pas attendu qu’on les emmène dans l’Espace pour prendre de l’altitude. Ainsi, j’ai rencontré d’intrépides araignées à Chicago. Elles demeurent au 96ème étage de la Tour John Hancock à 340 mètres d’altitude. On peut admirer à l’œuvre en train de tisser leurs toiles extraordinaires ballottés par des vents d’une rare puissante depuis le Signature Room, l’un des bars les plus extraordinaires qui soit (en haut à gauche de la première photo). 



Lorsque la nuit tombe, Chicago se transforme en une gigantesque toile d’araignée, dans laquelle les gratte-ciels sont pris. C'est probablement cette vision qui a inspiré les intrépides êtres à huit pattes à venir s'installer dans un endroit aussi peu confortable.