dimanche 28 décembre 2008

Biosphere 2 : la genèse du projet (1/4)

Cet article est le premier de mon enquête sur Biosphere 2 :

- Partie 1 : Biosphere 2, la genèse du projet,

- Partie 2 : Biosphere 2, construction et désillusions,

- Partie 3 : Biosphere 2, rencontre avec des Biosphériens.

- Partie 4 : Biosphere 2, la vérité qui dérange.


En septembre 1991, huit humains pénétraient à l’intérieur de Biosphere 2 et y restèrent cloîtrés pendant une durée de 2 ans. Ça vous rappelle quelque chose ?
Dans le désert d’Arizona, à 20 minutes au nord de la ville de Tucson, cette mini-Terre sous cloche abritait 7 écosystèmes : forêt tropicale, océan (contenant un récif corallien), marais d’eau douce et d’eau salée, savane, désert, une zone d’agriculture intensive accolée aux habitats, ainsi que deux « poumons » (les dômes blancs dans l’image ci-dessus) servant de chambres de dilatation. 3800 espèces animales et végétales peuplaient cette structure, véritable arche de Noé, dont on pourra apprécier la vue en coupe dans le schéma ci-dessous.
Après trois ans de construction, les créateurs ont atteint leur objectif, comme le montre par exemple cette photo de l’océan.
Ce projet fou a vu le jour au sein de l’Institut d’Ecotechnique, un groupe de visionnaires fondé par John P. Allen à la fin des années 60. Ce groupe a auparavant organisé des projets pilotes dans le monde entier dans le but d’explorer le lien entre la technosphère et la biosphère. Chaque année, une conférence annuelle était tenue dans le sud de la France, près d’Aix-en-Provence, et c’est en 1982 que l’idée de Biosphere 2 émergea. Sur le site de la conférence de 1982, on apprend que d’illustres scientifiques avaient participé à la genèse de cette idée : Richard Dawkins (ethologiste d’Oxford et auteur du fameux essai Le Gène égoïste), Lynn Margulis (ex-femme de l’astronome Carl Sagan et co-inventrice de l’Hypothèse Gaïa avec James Lovelock), Buckminster Fuller (l’architecte philosophe, inventeur du concept de géodésique) ou bien Albert Hoffman (l’inventeur du LSD).
Mais le père de Biosphere 2 est véritablement John Allen. Né en 1929, ingénieur (diplômé de la Colorado School of Mines), business man (diplômé de la Harvard Business School), John Allen était promis à une carrière toute tracée mais a préféré quitté New York pour aller faire le tour du monde pendant deux ans et demi. Il en est revenu poète, écrivain, auteur de pièces de théâtre et surtout visionnaire.
John Allen et les membres de l’institut d’Ecotechnique réfléchissaient au futur de l’humanité et le situaient nécessairement dans l’espace. La colonisation d’autres astres comme la Lune ou Mars, posait néanmoins le problème des vivres nécessaires (air et aliments) aux colonies. Ils convinrent que les colons devaient impérativement vivre dans des systèmes clos autorégénératifs qui subviennent à leurs besoins et recyclent leurs déchets. L’idée leur est donc venue de créer une réplique miniature de la Terre (Biosphere 1) qu’ils baptisèrent Biosphere 2.
Biosphere 2 est le plus grand laboratoire d’écologie jamais construit. Il permettait d’étudier l’interaction des humains avec cet écosystème clos. Mais John Allen avait bien l’espace comme idée directrice. Quand on observe Biosphere 2 la nuit, on ne peut penser qu’à un vaisseau spatial.
En février 1999 (dix ans déjà...), je m'étais rendu en "pélerinage" sur ce lieu mythique qui a éclairé mon adolescence et éveillé mon intérêt pour les sciences et l'environnement. La Grande Serre s'y trouve toujours et le site dégage une impression magique.

La taille de la serre principale est impressionnante (la moitié de la basilique Saint Pierre de Rome) comme on peut s'en rendre compte sur cette vue depuis Google Maps.

Dans une série de prochains posts, je vous raconterai l’histoire officielle et officieuse de Biosphere 2, et aussi ce que le projet est devenu depuis.

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