vendredi 12 février 2010

Le monde de l'édition n'est pas toujours si cruel

On lit un peu partout que le monde de l'édition est celui du copinage, et que les journalistes et les éditeurs entretiennent des relations incestueuses (les éditeurs publiant les journalistes de façon à obtenir des papiers en retour). Cette analyse est complètement fausse car la vraie raison qui fait que les papiers sont si difficiles à obtenir est plutôt l'abondance de livres et l'impossibilité pour les journalistes d'en lire/chroniquer cinquante par semaine ! C'est donc un vrai travail pour les attachés de presse de les intéresser et de les convaincre d'écrire un article. (Heureusement) malgré cette avalanche de livres la magie du coup de coeur opère encore souvent toute seule. Beaucoup crieront que c'est impossible, mais je viens d'en avoir un exemple concret et pas des moindres.


Parmi les chroniques littéraires qui comptent, il y a celle de Yann Moix le jeudi dans le Figaro Littéraire. Hier, j'étais de passage chez mon éditeur JBZ & Cie, et qu'elle n'a pas été leur surprise de trouver la chronique de Yann Moix consacrée cette semaine aux Rillettes de Proust de Thierry Maugenest, le premier livre publié par les éditions JBZ & Cie il y a quelques semaines (Siècle bleu sera le quatrième) ! J'ai rarement lu une critique aussi dithyrambique mais ce petit opuscule extraordinaire le mérite (je vous en avais parlé dans un précédent post). Je vous livre quelques morceaux choisis de la critique.


Cuisines littéraires, signé Yann Moix.


C'est un petit livre génial. Il s'intitule Les Rillettes de Proust. J'aimerais qu'il s'en arrache en librairie. Il s'adresse à tous ceux qui aiment la littérature. C'est, sous formes de fiches, un laboratoire portatif d'expériences littéraires situées entre le recueil de recettes culinaires et les travaux de l'Oulipo. Le membre du Collège de Pataphysique que je suis ne pouvait qu'en tomber amoureux. La fiche "copie-collé" nous apprend comment écrire un livre uniquement composé d'incipit d'oeuvres célèbres: comment être soi-même en juxtaposant Kafka et Sagan. Le "mot juste" met en garde l'apprenti écrivain sur les excès de la précision, l'invitant au flou plutôt qu'à ceci : "L'abstème marguillier créosotait un chamérops près d'une narses lorsque l'abbé Bastien lui tendit une couque." (...)


Evidemment tout le monde va dire que pour avoir un papier pareil l'éditeur est le meilleur ami de Yann Moix, mais ce n'est pas le cas, et Jacques Binsztok m'a confirmé que le livre ne lui avait même pas été envoyé ! De plus l'(excellente) attachée de presse de JBZ & Cie n'a commencé que ce lundi. C'est donc la magie qui a parlé. Yann Moix lui-même s'est senti obliger de couper court aux quolibets :


Je sais, j'assume, ce n'est plus un article que je fais, mais un article publicitaire (je précise que je ne connais ni l'auteur, ni l'éditeur). C'est par ce genre genre d'opuscules intelligents, mains, brillants, drôles à mourir, subtils, élégants, originaux, renseignés, que la littérature continue de vivre à pleins poumons.


Pas la peine de vous dire que la jeune équipe de JBZ & Cie était aux anges et que cela m'a aussi fait chaud au coeur de faire partie de cette aventure. Quand je vous disais que cette nouvelle maison allait faire parler d'elle !

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