mercredi 8 octobre 2014

Noir est mon double de Rosto - un polar d'exception

Il y a quelques années, je découvrais par hasard Le Souffle au cœur d’AW Rosto (nom de code d’un écrivain qui souhaitait conserver l’anonymat). Récit à la première personne d’un homme seul, ultra entraîné  qui fait chuter le patron d’une banque mafieuse. De la première à la dernière page, on est scotché, complètement plongé dans la préparation de chacune des étapes de ce coup légendaire. Oubliez « Ocean's Eleven » ou « Les Spécialistes », AW Rosto est devenu avec ce livre le maître du genre.

« J’avais décidé de casser la Graphische Druckerei AG, à Zurich. Pour un cambrioleur professionnel qui veut faire une fortune rapide, il existe sans doute des coffres-forts plus fournis que ceux d’une imprimerie. Mais je ne désirais pas faire fortune et je n’étais pas cambrioleur professionnel ».

Ce qui distingue Rosto des autres auteurs de polars, c’est avant tout le style, extrêmement élégant. C’est aussi les descriptions techniques ultrasophistiquées, qu’il s’agisse de détails médicaux, technologiques, financiers ou chimiques, démontrant un gros travail de documentation. C’est encore l’organisation du récit, où rien n’est laissé au hasard et cette place qu’il donne au lecteur emporté malgré lui en caméra embarquée aux côtés du héros. Ce sont justement ses héros qui me plaisent le plus.

Ce sont toujours des hommes seuls, soumis à des défis herculéens, qui ne lâchent rien, rompus à toutes les techniques psychologiques et matérielles, permettant de se sortir de n’importe quelle situation. Tous travaillent pour une cause qui transcendent le genre humain : la lutte du bien contre le mal (post écrit il y a déjà cinq ans sur ce blog dans lequel le propos d'Ombres et Lumières commençait à se dessiner). On ne sait pas qui sont leurs commanditaires mais dans « Les yeux en feu », on apprend juste qu’ils appartiendraient à une mystérieuse organisation baptisée Lacédémone (l’autre nom à la ville de Sparte). Cela m’avait beaucoup inspiré pour imaginer Gaïa dans Siècle bleu mais aussi l’organisation encore plus secrète dont on découvre l’existence dans l’épilogue d’Ombres et Lumières.

Chaque héro de Rosto a aussi un problème physique qui le rend humain : il souffre d’un souffle au cœur dans le roman éponyme ; dans Les yeux éclatés, plongée dans les trafics d’ecstasy dans le milieu des rave parties et des mafias basées en Espagne, le héros souffre de troubles oculaires et dans son dernier ouvrage Noir est mon double paru le 2 octobre 2015, descente aux enfers dans le monde du trafic d’organes, le héros est atteint d’une ataxie sensorielle atypique qui le paralyse dès qu’il se trouve dans l’obscurité.

Ce dernier roman, trouvé par hasard la semaine dernière tout chaud sorti de l’imprimerie, est à nouveau un monument. En lisant le résumé, j’avais l’impression que c’était le même que le précédent « Ténèbres et sang », mais il s’agit en fait de la suite. Cela m’a d’ailleurs rassuré car j’avais trouvé que la fin de Ténèbres et sang nous laissait vraiment sur notre fin car plusieurs informations tombaient au moment du dénouement qui donnaient une autre tournure à l’enquête et on regrettait que cela finisse donc en queue de poisson. C’est donc un dyptique et vous aurez toutes les clés à la fin de Noir est mon double.

Dans Noir est mon double, paru chez Belfond et non plus chez Buchet Chastel, l’auteur nous révèle surtout son vrai nom : Philippe Ségur, professeur de droit à Perpignan et écrivain, prix Renaudot des lycéens en 2002 pour La métaphysique du chien. On comprend mieux la finesse du style.

- Il n’y a qu’un monde, lieutenant. Et c’est un océan en putréfaction. Je suppose que quand on est flic, il est plus facile de s’imaginer qu’on y surnage… À condition de croire que la loi trace la frontière entre les bons et les méchants…
– Vous croyez vraiment à cette fable, Volopian ? Aux bons et aux méchants ?
Comme je m’abstenais de répondre, il a émis un rire bref.
- Libre à vous de le penser. Mais la vérité, c’est que je suis votre autre visage. Je commence là vous vous arrêtez.

PS : Philippe Ségur si vous lisez ces lignes : on fusionne Gaïa et Lacédémone quand vous voulez ! Pour me contacter c’est facile.

1 commentaire:

Jean Lombard a dit…

Trafic d’organes sur un jeune homme (mon fils de 24 ans) à Toulouse le 25-26 septembre 2008 assassinat très mal maquillé en suicide sur voie ferrée (j’ai écrit un blog très détaillé dans médiapart), me contacter à jeanlombard4 at yahoo.fr : http://truthfromgod.canalblog.com/archives/2014/07/03/30187169.html#c74197845